22 mai 2006

L'article sur le Mali non publié

Après un mois au Mali, j'avais écrit un article pour le journal Liaison, mais il n'a pas été publié. Le voici.

Bamako, 26 février 2006
Un mois a passé depuis que nous sommes arrivés à Sirakoro au Mali, un village de 1000 personnes. Sirakoro signifie "au pied du baobab" en langue bambara et exprime l’emplacement. Un baobab géant se dresse au centre du village où on nous a accueillis le premier jour. À présent, c’est la saison sèche. Pas une goutte de pluie n’est tombée depuis octobre. Alors, les occupations sont la confection de briques, la construction de maisons. Il faut aussi abreuvoir le bétail et accumuler le bois (de cuisson), car au retour de la pluie, il faudra travailler aux champs.

L’école
L’école est une réalité récente pour le village. Fondée, il y a cinq ans, elle dispense les niveaux de la première à la sixième année. C’est une école communautaire, c’est-à-dire financée par le village. Elle manque de matériels et n’a pas les moyens d’engager de enseignants ayant eu une formation à l’école des enseignants. Ceux-ci reçoivent quand même des visites d’inspecteurs qui vérifient que le programme à suivre est respecté. Ils enseignent en français, langue seconde des élèves ...et des enseignants. Au village, la langue parlée est le bambara. En classe, la presque absence des filles est frappante. C’est dans ce contexte que l’on s’implique à l’école.

Au début du stage, nous avons rencontré les professeurs qui nous ont expliqué leur réalité et exprimé leurs besoins ...matériels. Ils n’avaient pas bien compris nos objectifs. Nous leur avons dit que nous préférions les échanges durables. Pas facile à expliquer à un enseignant qui travaille avec des élèves n’ayant même pas de cahier.

Nous préparons donc des ateliers que nous présentons en classe avec les enseignants. Nous avons abordé les thèmes de l’hygiène et la santé. Je compte bien en préparer un sur les mathématiques avant la fin! Nous espérons ainsi développer l’intérêt des élèves pour l’école.

Les échanges
Nous nous impliquerons bientôt à la réfection de la maternité et à l’élaboration d’une culture maraîchère. Chacun d’entre nous est associé à une famille et nous participons aux tâches du village. Cela nous permet de faire plusieurs rencontres et échanges. Par exemple, je me rappelle une fois où les femmes du village nous montraient les étapes de la transformation du coton en fil. Les instruments de musique n’étant jamais trop loin, une femme a commencé à frapper sur une calebasse. Nous avons répondu avec un rythme de cuillère et le tout s’est transformé en un rigodon malien. Quand la langue ne nous le permet pas, la musique et les gestes deviennent notre moyen de communiquer.

Les enfants
Les familles ont tellement d’enfants que même les enfants s’occupent des enfants. À quatre ans, une fille porte sa petite soeur âgée de trois mois sur son dos comme le fait sa mère. Les enfants participent aux travaux du village. D’ailleurs, c’est en serrant leurs mains que je l’ai vraiment réalisé. Des mains charnues et déjà usées. C’est bien différent des miennes qui tapent le clavier d’ordinateur, griffonnent des formules mathématiques et lancent des frisbees.

Le séjour de mi-stage à Bamako se termine bientôt. Nous retournerons à Sirakoro pour la deuxième moitié. Plusieurs tâches et nouvelles expériences nous attendent.

21 mai 2006

Retour au Québec et création du blogue

Le 24 janvier 2006, je partais pour le Mali accompagné de neuf autres Québécois. Nous avons vécu dans le village de Sirakoro pendant deux mois. C'était un stage d'initiation à la coopération internationale du programme Québec sans frontières avec le Carrefour de solidarité internationale (CSI) de Sherbrooke. À la suite de ce stage, j'ai continué ma route (à mes frais cette fois) au Kenya et ensuite en Europe.

J'ai décidé aujourd'hui d'utiliser un blogue pour ce voyage qui s'est terminé il y a quelques jours. Je crois que ce sera un moyen pratique pour partager mes photos et impressions. De plus, j'ajouterai des liens d'informations sur ce genre de stages et la coopération internationale.

J'ouvre ce blogue avec les 5 courriels que j'ai écrits au cours du voyage.

17 mai 2006

V - Grèce et la course vers Paris

La dernière fois, je finissais en vous disant que je me dirigeais vers la Bulgarie...

Thessaloniki
Ville au nord de la Grèce. Donc, dans le train, j'ai rencontré un Grec. Bin oui, je suis en Grece. Bien cool le gars, étudiant en physique a Thessaloniki. Alors, je suis resté chez lui pendant deux jours. Il m'a fait visiter la ville. Les meilleurs resto de rue a Chawarma typiquement grec. Pas très touristique cette ville. Ça faisait du bien. Il m'a fait rencontré ses amis. On n'a pas dormi bin bin. J'ai vu un show de musique électronique dont le joueur de batterie, il parraît, aurait joué avec Miles Davis.

Retour à Athènes
Bin oui, tant pi pour la Bulgarie. Je suis retourné a Athènes. Dans le même train, assis juste a côté du gars de physique, il y avait un gars de philo qui retournait a Athènes deux jours plus tard pour participer au Forum social européen. J'avais vu l'affiche à Athènes au début de la semaine, mais le Forum était dans 4 jours et j'avais préféré les Bulgares. Mais, maintenant que le gars de philo m'offrait de m'héberger chez ses parents... ça change tout!

Forum social européen
Dix mille altermondialistes européens réunis a Athènes pour discuter, échanger ses contacts, se coordonner. J'ai assisté a des séminaires sur le mouvement des Forums, sur l'éducation, sur l'économie et sur l'Impérialisme ou plutôt l'anti-Impérialisme. Vous avez peut-être entendu parler de la marche qui a eu lieu dans la rue? ou bien des grabuges... Bon, je ne sais pas trop comment tout ça a sorti dans les médias...














Le forum social européen d'Athènes.

De quoi à raconter

En passant, je n'ai jamais réussi a rejoindre le gars de philo... À chaque fois, c'est comme ça. Les téléphones mobiles sont fermés ou inaccessibles quand je veux les appeler. Alors, ça m'a valu quelques problèmes. Trouver une hôtel dans le milieu de la nuit. Et bien sûr, malheur n'arrivant pas seul, alerte à la bombe dans LA station ou toutes les lignes se croisent. Marcher. Marcher. Marcher. Marcher. Trouver un hôtel. Hôtel trouvé mais complètement booké. Marcher encore : non. Dormir sur le balcon du dernier étage de cet hôtel pour 8 euros. Pas de sac de couchage. Pas de coussin. Se réveiller a 4 heures du matin parce qu'il fait trop froid. Dormir le reste de la nuit à l'intérieur dans les escaliers menant à l'étage supérieur (le toit). En tout cas, ça fait de quoi à raconter!

Grecs et transport
Puis-je ajouter que les Grecs l'ont vraiment pas dans le transport? Ils entrent dans le wagon de métro avant que les gens sortent. À l'intérieur, ils s'entassent devant l'entrée alors qu'ils ne sortiront que dans trois arrêts. On aurait jamais vu ça dans le métro de Moscou.

Sofia, Bulgarie
Les Grecs que j'ai rencontrés se demandaient pourquoi je voulais aller en Bulgarie sans même être aller voir les îles grecques. J'irai une autre fois! Alors, me voila à Sofia sans faire escale à Thessaloniki cette fois. DA, l'alphabet cyrillique! Le russe m'est plus utile que l'anglais ici. En deux jours, j'ai rencontré plein gens bien drôles. La dame de l'hôtel : une vraie matante russe qui te sert dans ses bras. Nicole, une petite fille de 5 ans peut-être qui m'a jasé ça le temps d'un repas. Elle était tellement drôle. Elle ne s'est jamais rendu compte que je ne parle pas sa langue!! Les joueurs d'échecs dans un parc de la ville qui m'invitent à jouer une partie. Ils étaient curieux de tester les habiletés de l'étranger qui les regardaient en riant. Ils ne savaient pas que les seules stratégies que je connais bien sont les règles... Je me suis fais planter.














Une église bulgare à la russe.














À un coin de rue de Sofia,
un marchand de patates.

Tournoi d'échec
En fait, le jour de mon départ commençait un tournoi d'échec au grand Hotel Sofia. Six joueurs. Six maîtres. Un Russe. Un Bulgare. Un Américain. Un Français. Et deux autres. Dix jours. Je voulais aller voir la première partie avant de prendre le train, mais le tournoi commençait réellement le lendemain parce que le premier jour, c'était la conférence d'ouverture.

Bucarest, Roumanie
Des taudis en périphérie de la ville, mais dans la ville, on ne les voit pas. Des vieux building. Souvent des buildings sales. Des beaux building. Des gros building. Des rues où on se perd. Le roumain, ça ressemble au français et à l'espagnol. Encore plus que l'architecture, ce sont les parcs que j'ai aimés. Pas des parcs de pelouse. Des parcs de forêts. J'aime les parcs de forêts.














L'Arc de Triomphe de Bucarest.

P
aysages
Les paysages de la Bulgarie et la Roumanie méritaient vraiment que je ne m'arrête pas seulement dans leur capitale. La prochaine fois, j'aurais le goût d'arrêter dans n'importe quel village, y rencontrer les gens et profiter des montagnes, des rivières...

Vienne, Autriche
Wow. Je ne m'attendais pas a ça. Je ne m'attendais à rien en fait. Je ne m'étais pas renseigné du tout sur la ville. J'ai adoré. À chaque coin de rue, je découvrais une statue, un nouveau bâtiment, une nouvelle architecture. C'était sans fin. L'architecture de Bucarest ...en propre et restauré. Les statues d'Athènes avec leurs bras et leur tête et leur nez et leurs doigts. Ici, on ne vit pas 2000 ans dans le passé. Ville actuelle. Ville moderne. Des pistes cyclables partout en ville. En fait, les cyclistes et piétons on priorité sur les voitures. Ville propre. Des beaux parcs, de pelouse malheureusement.

Les musées de Vienne
Il en a trop pour les deux jours que j'y ai passés. J'en ai quand même fait deux. J'ai vu des Magritte, des Picasso, des Dali, des sculptures de Giacometti, un Mondrian. J'ai vraiment aimé The general de Daniel Spoerri. Je n'ai pas vu les tableaux de Klimt et de Dürer qui étaient dans d'autres musées. Et j'ai raté tellement d'autres choses, c'est certain.

Vienne.

Kurt Gödel
J'ai raté l'exposition sur le mathématicien Kurt Gödel (celui qui a démontré l'existence de Dieu) qui commençait encore une fois le jour de mon départ, mais qui encore une fois commençait le lendemain parce que le premier jour, l'exposition n'était pas prête.

Paris
Vienne en français. Mais, contrairement à Vienne, je savais que j'allais voir la Tour Eiffel, le Champ de Mars, l'avenue des Champs-Elysées, l'arc de Triomphe... J'avais donc moins de surprise. Je n'y ai passé qu'une après-midi, alors j'imagine que j'y découvrirai les vraies surprises qui s'y cachent une prochaine fois.


















Alors qu'en Italie et en Grèce, les maudits pigeons sont des attraits touristiques. Ici, on interdit de les nourrir. Bravo!

La Finale
Encore une fois, pas le lendemain mais le soir de mon départ, un à-ne-pas-manquer. La finale de la ligue des champions : le match Arsenal-Barcelone qui se jouait à Paris. J'ai croisé ce matin à l'aéroport les Espagnols colorés qui venaient encourager leur équipe bruyamment. J'aurais aimé voir la partie dans un pub parisien... Je l'ai plutôt vue dans un café montréalais. Les Français ont perdu...

La prochaine fois, je tenterai de rester une journée de plus dans chaque ville!

On se voit bientôt, car oui je suis arrivé à Montréal aujourd'hui!

01 mai 2006

IV - Paganello et Italie

Quelques nouvelles de l'Europe. D'abord, l'Europe, c'est pas comme en Afrique! Et je le vis différemment aussi. Je ne m'installe pas. Je fais le nomade. Alors que j'avais l'impression de vivre l'Afrique, j'ai l'impression de voir l'Europe. Des affaires, j'en ai vues plein!

Paganello
Ça a commencé à Pâques où l'esprit de Paganello gagnait la plage de Rimini. Paganello, c'est un gros tournoi d'ultimate frisbee sur plage. 16e édition. J'ai joué avec les amis Mauvaises Herbes Ultimate Club de la ville de Québec qui avaient participé au tournoi l'an passé (ils en ont fait un vidéo). Dix parties en quatre jours. On s'est vraiment bien amusé. On a bien joué. Cinq victoires, cinq défaites. Mais le mieux : zéro zéro niet zéro goutte de pluie. Presque pas de vent. Conditions idéales. Du sable sec. Quel plaisir de lancer des forehand inside out sur la plage... ayayayaaillle!!!














Le MHUC de Québec.














Jalapeno, LE rival du MHUC.














Le Chef Poil Premier.

Les Russes étaient la aussi! Une équipe Open, une équipe Women. J'ai revu Pacha, Tolya, Sacha, Natasha... Revoir des amis que je ne pensais jamais revoir, c'est bin l'fun!! Ils m'ont fait réveiller quelques mots de russe qui dormaient dans ma tête. J'ai regardé quelques-unes de leurs parties. Ils ont failli surprendre No Tsu Oh au premier match. Ils gagnaient la partie 9 à 8 au point universel, mais une faute a été appelée sur le dernier lancer. Les Américains ont fait le revirement pour marquer et gagner 9 à 8. Les Russes ont terminé 17e sur 48. No Tsu Oh : 1er.














Jupiter, l'équipe russe.

Quand je disais que j'en ai vu des affaires, ça commence ici.

Venise
Ensuite, j'ai passe quelques jours à Venise. Je ne pensais pas que j'allais aime ça. Je suis content d'y être allé. Les petits chemins d'eau partout, les ponts, il faut le voir. Il y a aucune voiture à Venise. Aucune station d'essence. Aucune moto. Aucun cheval. Aucune bicyclette même! Que des gondoles à 70 euros, des petits bateaux à moteur privé et des bateau-bus à 2 euros. Une chance que ce n'était pas la saison touristique parce qu'il y avait des touristes partout.

La crème glacée italienne est très bonne.














Venise.














Cinque Terre. Monterosso

Wow!! La mer qui brille de sa surface. Il faisait beau. La falaise. Ça me rappelait celle de Bandiagara au Mali, mais avec la mer plutôt que le désert. Les cinq villages construits a même les rochers. Le petit sentier qui les relie. Encore une fois, une chance que ce n'était pas encore la saison touristique, parce qu'il y avait des embouteillage de touristes par certain endroit sur le sentier. Mais, un beau paysage.














Cinque Terre.

Naples
Ville poubelle que l'on m'avait averti. Mais, les gens sont très gentils. On peut toujours trouver un bon samaritain. J'ai mangé de la pizza napolitaine. J'ai visité les souterrains de la ville. J'ai marché dans Naples. Chateaux, sculptures. J'ai senti l'odeur puante de soufre au volcan Solfatara. J'ai fait un tour au Musée archéologique. Je n'ai pas grimpé le mont Vésuve, mais il ressemblait au Mont Longonot du Kenya. J'ai marché dans les ruines de Pompei et d'Ercolano. Il faut voir les calques de corps humains morts pendant l'éruption du Vesuve. Tenter d'imaginer la vie dans ces villes. Le forum. Les théâtres en pierre. Les jardins. Les systèmes d'aqueducs. Les sculptures. Les peintures.














Une rue de Pompéi.

Athènes

Et maintenant, me voila en Grèce parce que j'ai trouvé un billet d'autobus Naples-Athènes pour 79 euros, traversier Bari-Patras compris. Aujourd'hui, fête des travailleurs, tous les sites archéologiques, musées, épiceries étaient fermés a Athènes. Je suis mal chanceux. Il m'était arrivé la même chose à mon premier jour à Naples le 25 avril, anniversaire de la libération de l'Italie. Je ne resterai pas trop longtemps ici. Je préfère passer les jours qui restent ailleurs. Bientôt, je prendrai le train vers le nord jusqu'à Thessaloniki. De là, j'irai en Bulgarie!!














L'Acropole.

J'ai achète mon billet de retour dernièrement. Je reviens le 17 mai.

à bientôt!

11 avril 2006

III - Le Kenya

Déjà, mon séjour au Kenya se termine. Présentement, je suis en transit à l'aéroport de Dubai. Je profite de la connexion haute vitesse gratuite pour prendre des nouvelles et vous écrire. Au Kenya, j'habitais chez des Québécois dans le nord de Nairobi. Je n'avais donc pas vraiment de contacts avec les locaux et je n'ai appris que quelques mots de la langue Swahili. Mais, ça ne m'a pas empêché de faire plein d'activités cool et diversifiées et de rencontrer des Kenyans par ci par là...

Safari
Bin oui, j'ai fait un safari dans le parc Amboseli juste au nord du mont Kilimandjaro. Mais, c'était nuageux, alors je n'ai vu le sommet enneigé de la grosse montagne que sur les cartes postales. C'est drôle d'écouter des hippopotames brouter. Quand ça pique, un éléphant se trouve un ami éléphant et ils se frottent un l'autre. J'ai vu des Alakazous courir. J'ai vu des lions evachés dans la savane à rien faire. Des gazelles. Des gnous. Des buffles. Des girafes. (mais pas de girafe albinos :) C'est drôle à dire, mais en regardant tout ces animaux des mes propres yeux, je réalise que ce que je voyais à la télé, ça ne provenait pas d'une autre planète. La même planète. Une seule planète. La Terre.
































































Randonnées
J'ai fait un tour dans la Cliff Valley . Celle ou l'être humain aurait été inventé. Dans cette vallée, j'ai grimpé deux cratères de volcans. Un petit avec un lac au centre, un gros avec une forêt au centre. 2700m d'altitude au sommet. Une très belle vue du haut. Belles photos. Il paraît que les girafes sont capables d'y grimper.















Au sommet du Crater Lake

Avec masque et tuba

La deuxième semaine, j'ai fait un court séjour à Malindi sur la côte Est africaine. Là où Vasco de Gama avait installé sa croix il y a plus de 400 ans. C'était vraiment bon de marcher sur la plage de l'océan Indien. J'avais l'impression d'avoir atteint l'autre bout du monde. Sur un petit bateau de pêcheurs, je suis allé au large. Avec masque et tuba, j'ai nagé au dessus des récifs de coraux et parmi les petits poissons de toutes les couleurs. Encore mieux qu'à la télé, car tu es dedans!!

Le diplôme
À Malindi, il y avait 300 boutiques d'artisans, 300 vendeurs (ou plutôt vendeuses. Autant à Bamako, c'étaient des vendeurs qu'à Malindi, c'étaient des vendeuses) pour 1 acheteur. La saison touristique venait de terminer. J'ai jasé avec plusieurs. Une d'entre elle connaissait le Québec. Elle y est allée. Elle a un diplôme en finance. Mais, elle ne peut trouver d'emploi dans ce domaine, alors elle devient vendeuse. Je lui demande pourquoi. Encore la même réponse : ceux qui dénichent un poste sont ceux qui ont un contact (souvent familial) au gouvernement sans nécessairement avoir les connaissances requises. Au Mali, on me racontait la même histoire. "Le contact compte plus que le diplôme."

Kibera
Lundi, j'ai visité Kibera. Je savais que j'allais regretter si je quittais Nairobi sans y aller. Kibera, c'est le deuxième plus gros bidonville de l'Afrique. On évalue le nombre d'habitants à un million ...dans deux km carres. Ici, on s'arrange comme on peut. On n'est pas propriétaire de son terrain alors les autorités peuvent détruire notre maison n'importe quand. Mais on les laisse tranquille. Mon guide me racontait que la solidarité est très forte entre les gens. On ne volera pas son voisin. Et malgré toute la misère, jamais on entend parler de quelqu'un qui se suicide. On lutte pour la survie. Alors, on ne peut pas abandonner.

J'ai marché sur la voix ferré pour ceux qui ont vu le film La constance du jardinier.

A Bamako, c'était pauvre, mais pauvre égal. Pas de gratte-ciel. Des maisons plutôt semblables partout. Ici, c'est fou comme les inégalités sont frappantes. Au centre-ville de Nairobi, il y a des gratte-ciels. À 10 minutes, on trouve Kibera. Et à côté même de Kibera, on trouve un clôture derrière laquelle la pelouse chimique verte pousse allègrement.


















Une clôture typique de Nairobi. Les riches d'un bord, les pauvres de l'autre.

Au bas mot, 50% des habitants de Kibera ont le VIH/SIDA. Ça, c'est un vrai problème. J'y ai rencontré une travailleuse sociale. Elle m'a dit qu'elle s'occupe de 200 sidéens. Elle travaille dans le "domaine" depuis 20 ans... donc depuis les débuts du SIDA. Selon elle, la Cause, c'est la pauvreté. Par exemple, sans la pauvreté, l'adolescente n'accepterait peut-être pas le 300 shillings pour la soirée... Et quand les signes apparaissent, les médicaments sont bien sur hors de prix. Quand ça s'aggrave, les chaises roulantes sont inutiles avec l'état des chemins. Alors, on reste à la maison... J'aurais aimé jasé avec un sidéen, mais le temps manquait.

Avec cette visite et aussi avec le livre Un dimanche à la piscine a Kigali de Gil Courtemanche que je viens de lire, autrement dit, au cours de ce séjour en Afrique que je termine aujourd'hui, je me suis vraiment sensibilisé à cette maladie. C'est un peu comme les lions. Tout ça se passe sur la même planète.

Bon, bientôt, j'arriverai en Italie. Je participe au tournoi Paganello pour la fin de semaine de Pâques. Je vous redonne des nouvelles.

22 mars 2006

II - Sirakoro, suite et fin

Aw ni wula!
Salut la famille et les amis,

Le deuxième mois est déjà passé. Nous sommes revenus du village hier. Encore une fois, je ne peux pas tout dire. J'ai choisi un échantillon de trucs à vous raconter ici :

Au village de Sirakoro, j'ai connu Lassna. Il a le même âge que moi. C'est le joueur de djembe (tamtam) du village. C'est lui qui joue lors des soirées de danse du samedi soir sous le grand Baobab, au centre du village. Presque tous les jours, il passait à notre maison. On se racontait ce qu'on avait fait de notre journée. Souvent, lui, il avait fait des briques toute la journée à partir de la terre, l'eau, la paille et un moule. Il a de grosses mains. Lassna, je l'aimais bien, parce qu'il était capable de se mettre à notre place quand on ne comprenait pas le bambara. Il était capable de trouver une façon de nous faire comprendre avec des images, avec les signes plutôt que de nous parler plus fort comme font habituellement les gens qui n'ont pas vécu l'immersion dans une autre langue. Lassna a une maison d'une seule pièce. C'est lui qui l'a fait avec ses briques. Il y vit avec sa blonde. Ils vont se marier bientôt. Il aimerait bien avoir une maison plus grosse ou simplement avoir un toit de tôle qui serait plus résistant à la saison des pluies. Mais, il n'a pas assez d'argent. Il aimerait avoir une moto. Il aimerait pouvoir voyager lui aussi. Il aimerait ça déménager au Canada parce qu'il sait qu'il y a l'argent au Canada. Comme il dit : ''Wari te Malila, Mali man di. Canada ka di.'' Ce qui signifie ''Il n'y a pas d'argent au Mali. Le Mali, c'est pas bien. Le Canada, c'est bien''. MERDE, Pourquoi? En occident, on se noie dans l'abondance. En Afrique, du moins dans la tête de Lassna, on rêve d'une autre vie. Ça fait réfléchir... Je fais des liens avec le livre Les nouveaux maîtres du monde de Jean Ziegler que je viens de lire... Au village, on produit le coton. Ces dernières années le prix du kilo de coton a baissé. Ça se répercute directement sur Lassna, sur tout le village et sur les villages d'à côté...bref sur tout le Mali. Pourquoi le prix a baissé? Les grosses compagnies occidentales productrices de coton reçoivent des subventions...














La case de Lassna à l'entrée du village.

À l'école, nous avons continué de nous impliquer. J'ai donné un atelier dans la classe de 5e et 6e sur le Cercle et la constante Pi. J'ai apporté en classe des objets circulaires dont une bicyclette. Ça vraiment bien marché. Les élèves ont bien compris. Par la suite, on les voyait dans le village en train de mesurer les circonférences des Baobab et calculer le diamètre avec la constante Pi. On a aussi fait un atelier sur l'affirmation de soi. Ça a bien fonctionné aussi. On a fait venir en AVANT DE LA CLASSE des filles pour parler. Je n'avais jamais vu une fille prendre la parole dans cette classe.

J'ai aidé le voisin à construire son mur de brique.

J'ai fait tombé des mangues des manguiers avec des lance-pierres. J'ai mangé des mangues.

J'ai appris beaucoup le bambara et j'aimais vraiment ça.

Les femmes maliennes chantent bien.














Mon voisin pose une brique sur son mur. Quand je ne le prenais pas en photo, je l'aidais!

La dernière semaine, nous avons rencontré les femmes et les hommes du village comme on l'avait fait au début du stage. Dans les discussions, ils nous ont entre autres fait part des besoins du village pour l'avenir. Non pas pour nous charger nous-mêmes de solutionner ces problèmes, mais pour en faire part à notre entourage... UN. LE MANQUE D'EAU. Selon un vieux du village, pas un puits au village a de l'allure. Ceux de Djon, le village voisin, sont à sec. Sans eau, on ne peut pas cultiver décemment. Les pluies se font de plus en plus rares. La première conséquence, c'est la fin de l'autosuffisance et par la suite la famine. DEUX. L'ÉCOLE. Tous les frais sont assumés par le village. Ils ont besoin d'enseignants formés. Il faudrait aussi inscrire plus d'enfants à l'école.

Et c'est déjà la fin du stage. Comme un villageois l'a dit : ''Quand l'étranger vient, c'est le front que l'on voit. Inévitablement, un jour, ce sera la nuque que l'on verra.''














La culture maraîchère qu'on a piochée et arrosée pendant le dernier mois.

Le stage était vraiment bien organisé. Je m'attendais à avoir des retards, des annulations de programmes. Mais non. On a eu le temps de tout faire et ça c'est grâce à la bonne organisation de l'ONG malienne Kilabo. Même chose avec le groupe de québécois avec qui j'étais. La vie en groupe s'est bien passé. On a eu bien du fun.














Notre groupe. Malheureusement, la photo est sombre.

Les quatre derniers jours, nous avons fait pas mal de route. On s'est rendu jusqu'à Mopti. On a fait de la pirogue sur le fleuve Niger. On est aussi passé par Bandiagara. Lundi, on a descendu à pied les falaises de Bandiagara. On a traversé deux villages dogons. J'ai vu les maisons des Tellems dans la falaise. Et on a remonté la falaise. 14km de marche. Une vue du haut magnifique : une vallée de baobab, une colline, le désert. Wow! En revenant, on est arrêté à Djenné. On a vu la grande Mosquée.














Le pays Dogon. Les falaises de Bandiagara. La vallée. Les baobabs n'étaient pas encore en feuilles à ce moment.














Mopti.

Quelques jours encore et le reste des stagiaires retourneront au Québec. Quant à moi, je poursuis ma route au Kenya. Je vous redonne des nouvelles à partir de là-bas.

J'ai lu ce que vous m'avez écrit et je vais continuer de vous lire. J'aime avoir des nouvelles de vous.

à bientôt,

25 février 2006

I - Histoires du Mali

I ni wula!! Aw ka kene?!

Déjà un mois de passé. C'est fou comme ça passe vite. Nous sommes revenus à Bamako hier. Nous y resterons pour 4 ou 5 jours. Ensuite, nous retournerons à Sirakoro. Pour mon père et pour ceux que ça intéresse, Sirakoro, c'est à quelques kilomètres au sud de Fana près de Dioila. Par quoi commencer??

Ici, on est tous associé à une famille. Alors, on m'a rebaptisé Zoumana Dembelé. Ma tête est vraiment sollicitée à fond. J'apprends beaucoup. Je pense que c'est ce que j'aime le plus : apprendre. Après 3 ans a résoudre des problèmes de math et lancer des frisbees, j'apprends maintenant à tisser le coton, à parler en bambara car personne parle en français là-bas, à utiliser les lance-pierres, à faire des briques, à danser les danses africaines, construire des maisons, laver mon linge a la main, se promener avec des trucs en équilibre sur la tête, puiser l'eau du puits, piocher la terre, faire un jardin, piler du mil et j'en oublie.














À gauche : Zoumana Dembélé. On m'a baptisé à son nom. Sur la photo, il coud un sac de coton. Remarquez l'utilisation de ses orteils pour tendre le tissu.


Dans le stage, on s'est impliqué à l'école. On a rencontré les vieux, les femmes, les jeunes du village sur leurs préoccupations. On a commencé une culture maraîchère et au retour on travaillera sur la maternité.

Faudrait QUE je vous décrive l'école pour vous montrer comment ils se débrouillent avec peu. QUE je vous décrive les vieux pour vous montrer comment ils sont respectés dans le village. Ils sont les chefs et conseillers du village. On les retrouve souvent au pied du Baobab géant qui est au centre du village. QUE je vous décrive tout le travail qu'effectuent les femmes. QUE je vous décrive les enfants parce qu'ils sont tellement drôles. QUE je vous décrive le peu de moyens qu'ont les gens d'ici. QUE je vous décrive les inégalités que j'ai vu face a la maladie. QUE je vous décrive combien de gens analphabètes j'ai vus... On aura l'occasion d'en parler une bonne fois.














On utilise des moules en bois pour faire les briques. En quelques jours, les briques sont prêtes.














Battre le mil. En quinze minutes, j'avais cinq ampoules par main.

Ici,
-Les femmes de mon âge sont mariées depuis 4 ans et ont 2 enfants.
-Les enfants de 8 ans ont les mains usées par le travail.
-Les familles ont tellement d'enfants que même les enfants s'occupent des enfants.
-Les enfants qui vont à l'école apprennent à lire et à écrire avec une langue qu'ils ne connaissent pas (le français).
-Surtout les gars vont à l'école.
-Au village, il y a un forgeron qui fabrique des fusils de chasse. En trois jours, il en fabrique complet. C'est lui qui gosse le bois. Il achète un cylindre pour le canon.
-Les baobabs sont vraiment beaux.
-Les noix de cola, c'est pas très bon.














Un baobab devant notre maison. Moi et le petit Sébou, un élève de sixième année, avons mesuré sa circonférence : 12 mètres. En divisant par 3.14, on obtient un diamètre de 3,82 mètres.














Le forgeron du village. Il est à construire un fusil.

Avant hier, il y a des chasseurs qui sont passés au village. J'ai vraiment aimé. Le village complet les suivaient. Vêtements magiques. Ils avaient mêmes des miroirs sur leur chapeau!

J'aime beaucoup la danse du samedi soir au village. Je vais essayer d'en retenir le plus possible. Ce serait tellement bon au spectacle du samedi soir au tournoi Chez Memphré! Mais il y a 2 semaines, j'ai trop dansé et le lendemain j'ai joué une partie de soccer. Résultat : ligament extérieur gauche du genou droit étiré. Ce n'est pas le même qu'il y a 5 ans. Présentement, ça va beaucoup mieux, mais ce n'est pas encore guéri complètement. A part ça, la santé va bien, tout va bien comme disent les Maliens.

J'ai vu rapidement quelques nouvelles du Québec. Notamment que
Le Canada a perdu au hockey à Turin .
Les Poilatouches ont gagné le tournoi Coup de foudre. OH yeah !! Les Pols 8e dans le pool fort.
L'Association d'ultimate de Sherbrooke est en train de se réorienter.
Sait-on quelle ville a obtenu les CUC 2007 ? Sherbrooke ou Toronto?
Il fait tu frette à Mégantic?
La neige a-t-elle fondu à Sherbrooke?
Il y a des nouvelles??

Bon je vous redonne des nouvelles dans un mois et j'aurai accès à internet encore quelques jours.