22 mars 2006

II - Sirakoro, suite et fin

Aw ni wula!
Salut la famille et les amis,

Le deuxième mois est déjà passé. Nous sommes revenus du village hier. Encore une fois, je ne peux pas tout dire. J'ai choisi un échantillon de trucs à vous raconter ici :

Au village de Sirakoro, j'ai connu Lassna. Il a le même âge que moi. C'est le joueur de djembe (tamtam) du village. C'est lui qui joue lors des soirées de danse du samedi soir sous le grand Baobab, au centre du village. Presque tous les jours, il passait à notre maison. On se racontait ce qu'on avait fait de notre journée. Souvent, lui, il avait fait des briques toute la journée à partir de la terre, l'eau, la paille et un moule. Il a de grosses mains. Lassna, je l'aimais bien, parce qu'il était capable de se mettre à notre place quand on ne comprenait pas le bambara. Il était capable de trouver une façon de nous faire comprendre avec des images, avec les signes plutôt que de nous parler plus fort comme font habituellement les gens qui n'ont pas vécu l'immersion dans une autre langue. Lassna a une maison d'une seule pièce. C'est lui qui l'a fait avec ses briques. Il y vit avec sa blonde. Ils vont se marier bientôt. Il aimerait bien avoir une maison plus grosse ou simplement avoir un toit de tôle qui serait plus résistant à la saison des pluies. Mais, il n'a pas assez d'argent. Il aimerait avoir une moto. Il aimerait pouvoir voyager lui aussi. Il aimerait ça déménager au Canada parce qu'il sait qu'il y a l'argent au Canada. Comme il dit : ''Wari te Malila, Mali man di. Canada ka di.'' Ce qui signifie ''Il n'y a pas d'argent au Mali. Le Mali, c'est pas bien. Le Canada, c'est bien''. MERDE, Pourquoi? En occident, on se noie dans l'abondance. En Afrique, du moins dans la tête de Lassna, on rêve d'une autre vie. Ça fait réfléchir... Je fais des liens avec le livre Les nouveaux maîtres du monde de Jean Ziegler que je viens de lire... Au village, on produit le coton. Ces dernières années le prix du kilo de coton a baissé. Ça se répercute directement sur Lassna, sur tout le village et sur les villages d'à côté...bref sur tout le Mali. Pourquoi le prix a baissé? Les grosses compagnies occidentales productrices de coton reçoivent des subventions...














La case de Lassna à l'entrée du village.

À l'école, nous avons continué de nous impliquer. J'ai donné un atelier dans la classe de 5e et 6e sur le Cercle et la constante Pi. J'ai apporté en classe des objets circulaires dont une bicyclette. Ça vraiment bien marché. Les élèves ont bien compris. Par la suite, on les voyait dans le village en train de mesurer les circonférences des Baobab et calculer le diamètre avec la constante Pi. On a aussi fait un atelier sur l'affirmation de soi. Ça a bien fonctionné aussi. On a fait venir en AVANT DE LA CLASSE des filles pour parler. Je n'avais jamais vu une fille prendre la parole dans cette classe.

J'ai aidé le voisin à construire son mur de brique.

J'ai fait tombé des mangues des manguiers avec des lance-pierres. J'ai mangé des mangues.

J'ai appris beaucoup le bambara et j'aimais vraiment ça.

Les femmes maliennes chantent bien.














Mon voisin pose une brique sur son mur. Quand je ne le prenais pas en photo, je l'aidais!

La dernière semaine, nous avons rencontré les femmes et les hommes du village comme on l'avait fait au début du stage. Dans les discussions, ils nous ont entre autres fait part des besoins du village pour l'avenir. Non pas pour nous charger nous-mêmes de solutionner ces problèmes, mais pour en faire part à notre entourage... UN. LE MANQUE D'EAU. Selon un vieux du village, pas un puits au village a de l'allure. Ceux de Djon, le village voisin, sont à sec. Sans eau, on ne peut pas cultiver décemment. Les pluies se font de plus en plus rares. La première conséquence, c'est la fin de l'autosuffisance et par la suite la famine. DEUX. L'ÉCOLE. Tous les frais sont assumés par le village. Ils ont besoin d'enseignants formés. Il faudrait aussi inscrire plus d'enfants à l'école.

Et c'est déjà la fin du stage. Comme un villageois l'a dit : ''Quand l'étranger vient, c'est le front que l'on voit. Inévitablement, un jour, ce sera la nuque que l'on verra.''














La culture maraîchère qu'on a piochée et arrosée pendant le dernier mois.

Le stage était vraiment bien organisé. Je m'attendais à avoir des retards, des annulations de programmes. Mais non. On a eu le temps de tout faire et ça c'est grâce à la bonne organisation de l'ONG malienne Kilabo. Même chose avec le groupe de québécois avec qui j'étais. La vie en groupe s'est bien passé. On a eu bien du fun.














Notre groupe. Malheureusement, la photo est sombre.

Les quatre derniers jours, nous avons fait pas mal de route. On s'est rendu jusqu'à Mopti. On a fait de la pirogue sur le fleuve Niger. On est aussi passé par Bandiagara. Lundi, on a descendu à pied les falaises de Bandiagara. On a traversé deux villages dogons. J'ai vu les maisons des Tellems dans la falaise. Et on a remonté la falaise. 14km de marche. Une vue du haut magnifique : une vallée de baobab, une colline, le désert. Wow! En revenant, on est arrêté à Djenné. On a vu la grande Mosquée.














Le pays Dogon. Les falaises de Bandiagara. La vallée. Les baobabs n'étaient pas encore en feuilles à ce moment.














Mopti.

Quelques jours encore et le reste des stagiaires retourneront au Québec. Quant à moi, je poursuis ma route au Kenya. Je vous redonne des nouvelles à partir de là-bas.

J'ai lu ce que vous m'avez écrit et je vais continuer de vous lire. J'aime avoir des nouvelles de vous.

à bientôt,